Avec des si on referait le monde ...

La force c'est de pouvoir casser une barre de chocolat en quatre et de n'en manger qu'un carré.

--> Judith Viorst

Je n'arrive plus vraiment à contrôler ce que je mange. En fait, je me laisse aller. Je n'ai plus aucune volonté. Il m'arrive souvent de me dire "non, tu ne mangeras pas ça"... Mais je finis toujours par le faire. Je n'arrive plus à faire comme avant. Je ne sais plus dire non. Je n'arrive plus à maîtriser mes pulsions. Il manque quelque chose.

Si cette chose ne manquait pas, je pourrais m'y remettre facilement. Mais il y a un hic. Je ne comprend pas ce qu'il m'arrive. Je n'ai pas une vie si terrible que ça. J'accepte mieux mon corps, j'ai de bons résultats au lycée, des amis qui m'entourent, une famille totalement folle mais supportable... Je ne comprend pas où est le problème. A part mon amour propre. Il s'est fait lamentablement écraser. Mais il va falloir qu'il s'en remette, que je m'en remette. Je ne peux pas continuer comme ça. J'ai besoin de me mettre des claques. Des centaines de claques, pour arrêter de manger n'importe quoi. J'ai même mis du beurre sur mes tartines ce matin, ce que je n'avais pas fait depuis trois mois ! Pour certain, c'est une chose tout à fait normal, mais pour moi, c'est mauvais signe ! Et j'ai ingurgité ce beurre... en ayant envie de vomir. Ça me dégoûtait, mais je continuais de manger. Et là, à 4h, je viens de manger du fromage, sur du pain. Trois mois aussi, que je n'avais plus touché au pain ni au fromage. Et j'ai aimé ça. Je ne voulais pas de chocolat, non. Je n'en peux plus, de manger sans cesse du chocolat. Pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi maintenant, je regarde mon ventre et je le trouve dégoûtant ? Pourquoi j'ai envie de me faire mal ?

Je ne comprend pas... Je culpabilise... En mangeant, je disais à mon père que j'allais me mettre au sport... Je ne me crois même pas. Je ne le ferais pas, pas toute seule, pas devant tous ces gens. Je n'aime pas montrer ce corps répugnant. Ou quand je le montre... Ce sont dans des moments où je ne me trouve pas trop mal... Alors je sers le ventre très fort, je me tiens droite, j'évite les postures dans lesquelles je suis la plus grosse... Tout est calculé. Je croise les jambes pour cacher ces monstrueuses cuisses, je mets des hauts noirs... Rien n'est laissé au hasard. Mettre ce jean avec ce haut parce qu'on voit moins mon gros ventre et mes grosses fesses. Je calcule tout à l'avance. Et si par malheur un jour je n'ai pas les vêtements que je veux absolument, je ne quitte pas mon manteau de la journée, quitte à crever de chaud.

Mon dieu... 57 kilos... Je me pèse tous les jours... Tous les matins, quand ils sont endormis, je sors la balance et je constate ce poids qui stagne depuis un mois. Un mois pendant lequel je n'ai cessé de manger n'importe quoi. Jongler entre privations et dévorer tout ce que je trouve dans les placards. Tout le temps. Il faut que j'arrête ça. Il faut que j'arrête ça dès maintenant, à la minute qui suit. Je dois absolument stopper ce gâchis. STOP !

Non, non, tu n'écris pas tout ça pour rien... Tu vas t'y tenir ! Tu en es capable ! Tu vas retrouver toute cette volonté ! Tu le peux... N'oublies pas ces mots... Fais-le...

Je dois me tenir à ce que je viens d'écrire. C'est obligatoire. Et si je ne le fais pas... Si je ne le fais pas, que je sois foudroyée par le plus gros des éclairs.

Hurlé par une folle : Maryn, le Jeudi 11 Novembre 2004, 16:43 dans la partie "Boîte à euphorie".

Reply